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Porter le poids du monde sur ses épaules

Porter le poids du monde sur ses épaules

Accompagnement Eve Gaudreau
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« Je me suis oublié.e pour aider les autres. »

« Je passe toujours tout le monde avant moi. »

« Je me sens obligé.e d’être là pour tout le monde, tout le temps. »

« Je lui en veut tellement pour ce qu’il m’a fait que j’ai choisi de garder nos enfants loin de lui. »

J’entends souvent ce type de phrase lors de mes accompagnements. Pour moi, elles proviennent du trio sauveur / victime / bourreau. Le sauveur semble prendre sur son dos les problèmes de l’humanité entière. Par contre, lorsqu’on écoute le sens de ses paroles, on peut entendre qu’il se victimise de cet état. Il peut même devenir le persécuteur de son bourreau.

Pour expliquer cette dynamique relationnelle, Stephen Karpman a suggéré la théorie du triangle de Karpman ou triangle de dramatisation. Selon ce schéma, un sauveur a besoin d’une victime pour exister et la victime a besoin d’un persécuteur.

En constellations familiales, j’ai eu la chance d’observer cette dynamique moultes fois. Cela m’a permis de constater plusieurs choses, dont certaines que je te partage ici.

Les constats généraux du trio sauveur, victime et persécuteur (bourreau)

  • Les rôles de sauveur, de victime et de bourreau sont interchangeables. Une victime peut vibrer à tellement de rage qu’elle devient le bourreau de son persécuteur. Ensuite, elle prend le rôle de sauveur en se tournant vers ceux et celles qui semblent vivre la même chose qu’elle.
  • Dans tous les cas, ces personnages n’expriment pas clairement et sainement leurs besoins, leurs désirs et leurs défis personnels.
  • À leur façon, chacun porte une souffrance qui semble difficile à gérer.
  • Lorsque l’un ou plusieurs de ces personnages sont en jeu, la communication devient perturbée.
  • Tous les humains endossent à un moment ou à un autre l’ensemble de ces personnages.

Le sauveur

  • Les mots « laissez-moi vous aider » semblent sortir automatiquement pour lui.
  • Il a besoin d’une victime pour exister. Sans victime, il n’y a personne à sauver. Il a donc besoin de la souffrance d’autrui.
  • Le fait de s’occuper d’une autre personne en souffrance lui permet d’éviter de regarder sa situation et sa propre souffrance. Les autres passent toujours avant. Il trouve toujours une personne qui semble avoir plus de besoin ou de souffrance que lui. Au fond, cela l’arrange bien.
  • Il cherche à être valorisé pour ses gestes, ses paroles, ses cadeaux, sa présence. Ses intentions ne sont pas pleinement altruistes, mais aussi narcissiques.
  • Le sauveur peut embrasser dans son champ vibratoire (son espace personnel), les situations de sa vie personnelle, de son clan (même plusieurs générations en arrière de lui) et même des souffrances du collectif (p.ex. les guerres, les violences faites aux femmes). Il fini parfois par prendre tellement de monde sur ses épaules, qu’il ne sait plus qui il est.

Victime

  • Les mots « la vie s’acharne sur moi et ma famille » ou « j’ai un mauvais karma » ou « il m’arrive toujours pleins de problèmes » semblent coller à la bouche de la victime.
  • Pour exister, la victime a besoin d’un bourreau. Celui-ci peut être un proche toxique ou une situation de la vie (p.ex. défis financiers, maladie, addiction).
  • La victime peut développer une relation de dépendant envers son sauveur. Sans lui, la victime a l’impression qu’elle ne s’en sortira jamais. Elle ne voit plus les forces qu’elle a à l’intérieur d’elle-même.
  • En revivant des situations difficiles, la victime tente parfois inconsciemment, de revivre des situations passées afin de les conscientiser et de les transcender. Tant qu’elle n’a pas pu dépasser ses défis intérieurs, elle ne veut pas réellement aller bien.
  • La victime a tendance à avoir une pensée tout blanc ou tout noir. Elle peut avoir de la difficulté à identifier les aspects positifs d’une situation (p.ex. l’ex-conjoint violent lui a montré l’importance qu’elle s’aime réellement et qu’elle soit respectée). Elle peut aussi avoir de la difficulté à prendre sa responsabilité à l’égard de la situation.
  • Les bénéfices reliés au fait d’être victime peuvent parfois être grands. Par exemple, le fait de ne pas bien aller permet d’avoir de l’attention de certaines personnes (enfants, parents, amis, etc.). Sans ces situations difficiles, ces gens ne gardent plus contact avec la victime.
  • L’état de victime a parfois duré pendant si longtemps que la personne s’y est identifiée. Lorsque la situation difficile n’est plus là, qu’elle n’est plus victime, elle peut se trouver devant un vide qui lui donne l’impression de ne plus savoir qui elle est sans cet état.

Bourreau (persécuteur)

  • Les mots du bourreau peuvent être multiples et subtils. Par ses mots et ses comportements, il peut contrôler, blâmer, critiquer.
  • Le bourreau a besoin d’une victime pour exister. Celle-ci peut être choisir de manière délibérée ou non.
  • Derrière ses comportements, se trouve généralement une souffrance, voir une détresse qui est difficile à reconnaître et à nommer. Lorsque la détresse est trop grande, le fait de reconnaître les tords causés peut suffire à augmenter la souffrance intérieure et à ramener le bourreau à se refermer en créant un mur inatteignable entre lui et l’autre. Le contact avec la dynamique peut engendrer de l’auto-sabotage qui peut conduire jusqu’au suicide.
  • Il n’est pas toujours conscient de l’impact toxique qu’il a sur d’autres personnes. S’il en est conscient, il peut y prendre un plaisir pervers. Il peut ressentir un soulagement à observer une autre personne souffrir comme il a souffert. C’est un peu comme s’il observait sa souffrance à travers celle d’une autre personne. Contrairement au sauveur, c’est lui qui créé cette dynamique.
  • Le bourreau reproduit parfois ce qu’il a lui-même vécu.

Croyances inconscientes et rôles empruntés

Éric Berne a identifié 4 mythes qui alimentent le triangle dramatique.

  1. « J’ai le pouvoir de rendre les autres heureux. » (Sauveur recherchant une victime)
  2. « Les autres ont le pouvoir de me rendre heureux. » (Victime recherchant un sauveur)
  3. « J’ai le pouvoir de rendre les autres malheureux. » (Persécuteur recherchant une victime)
  4. « Les autres ont le pouvoir de me rendre malheureux. » (Victime attendant un persécuteur)

As-tu l’impression de te retrouver dans ces mythes ?

Comment sortir de la dynamique sauveur – victime – bourreau ?

Il existe une bonne nouvelle dans cette vision des dynamiques relationnelles : il est possible de s’en sortir. Plus que cela, on peut en sortir grandie et enrichis de cette expérience. Pour cela, il est souhaitable de :

  • Se rappeler que ce n’est que des rôles.
  • Prendre contact avec ses émotions et ses besoins.
  • Reconnaître que derrière chaque situation se trouvent des leçons de vie. Axer sur ces apprentissages aide à prendre de la hauteur sur la situation et à clarifier son rôle dans la dynamique. La personne peut alors prendre la responsabilité qui lui revient.
  • Prendre des décisions et passer à l’action.
  • Demander de l’aide.

Constellations familiales et triangle de la dramatisation

Avec la méthode des constellations familiales, archétypales et spirituelles, il est possible de :

  • Observer la dynamique qui s’est installée entre différentes personnes ou différentes parties du moi afin d’identifier plus clairement qui joue quel rôle et à quel moment.
  • Observer si la dynamique provient du transgénérationnel et/ou du collectif. Par exemple, une personne a pu s’identifier aux victimes d’abus sexuels du clan et/ou de la société.
  • Remettre à qui de droit les gestes, comportements, défis à gérer les émotions et les pulsions.
  • Reconnaître les apprentissages et remercier pour ceci.
  • Reprendre son pouvoir, sa responsabilité et décider du prochain pas.
  • Se détacher de cette situation, de certaines personnes et prendre de la hauteur.

Je peux t’accompagner

Il me fera plaisir de t’accompagner vers une plus grande conscience des archétypes qui t’habitent afin que tu retrouves ton pouvoir.

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